MILITONS POUR LA SAUVEGARDE DE LA CORRIDA CONCOURS
"Blanquet" Ganaderia Yonnet sortira en sixième position photo E.lanfranchi
MILITONS POUR LA SAUVEGARDE DE LA CORRIDA CONCOURS...
Etre présent à Arles vendredi 11 septembre à 17h30 sera un acte militant.
Et dans tout aficionado sommeille un militant, en tout cas c'est ainsi que cela devrait être. Nous sommes peu nombreux à apprécier ce type de corrida et nous n'en expliquons pas assez la beauté et encore moins sa raison d'être.
Sa beauté tout d'abord car le Toro présenté par le ganadero ne peut pas être un "rousigon"ou un desecho. Parce que les ganaderos ont une fierté et un honneur. Il faudrait que cela soit ainsi. La présentation doit être soignée et le toro, dans le type de son encaste et de sa lignée. Cet aspect fait partie de la note finale. Je vous recommande de chercher à remplir la grille comme si vous faisiez partie du jury. Pour le jury, cette année en Arles, deux ganaderos, Bruno Blohorn et Patrick Laugier et un aficionado militant Yannick Jaoul, Président de la Muleta.
Bien sûr vous me direz que de nombreuses corridas concours servent a limpiar los corrales ou à passer un toro limite par rapport à son âge ou par rapport à un physique qui aurait dépareillé un lot. Bref tout cela vous l'avez entendu déjà! Mais il faut garder malgré tout la fraîcheur nécessaire pour accueillir avec l'âme bien nette ce toro là qui va passer la porte du toril pour nous montrer qui il est et d'où il vient et qui doit se comporter en bête de combat comme sa nature profonde le lui commande. Même si, à la fin il faut faire le constat que la main de l'homme a bien perverti la Nature. Et que chez les Toros c'est comme chez les Humains, il y a toutes sortes de comportements et de caractéres quelquefois peu glorieux, quelquefois héroïques jusqu'à l'abnégation totale, proche de la bravoure "imbécile". C'est avant tout le travail de sélection du ganadero qui est visible en piste et ses méthodes d'élevage. C'est ce qui devrait conduire à soigner le choix du Toro présenté.
La beauté de la corrida concours et son corollaire éducatif résident dans le premier tercio ou le tercio de picar. On y pique les toros différemment ou plutôt comme ils devraient toujours être piqués : avec attention et respect. Avec attention, car le maestro soigne la mise en suerte (la façon de placer le toro avant la pique) et décompose tous les temps de cette mise en valeur du Toro : placement, dosage de la pique, action réelle pour sortir le toro du cheval et le replacer tant que la Présidence (qui retrouve ses prérogatives ce jour là) n'arrête pas le tercio.
La beauté du picador, torero à part entière qui peut montrer au public son habileté à cheval en citant le toro de face et donc sa loyauté (ainsi le toro ne se précipite pas sur un mur comme cela est le cas quand le cheval est présenté parallèle aux planches), il montre son adresse en atteignant le bon endroit : l'arrière du morillo du toro avec sa lance, bien en avant de l'impact du toro sur le cheval et ainsi tenir, un instant, le toro à bout de bras sans autre aide que sa propre force, tout en ouvrant la bride vers l'extérieur et en accueillant la force brute du toro avec la sérénité d'avoir déjà bien fait son travail. Et un picador qui s'exprime en mettant le toro en valeur confère à cette suerte une dimension émotionnelle et artistique qui surprendra le spectateur non averti et qui l'intriguera. Et quand on devient curieux en tauromachie, comme ailleurs on peut devenir fan.
En corrida concours, la pique sert donc à mettre en valeur les qualités du toro et non pas comme en corrida formelle où elle sert uniquement à diminuer le toro pour mettre en valeur le troisième tiers et donc le torero à pied. Diminuer c'est normal, et cela devient hélas souvent détruire du premier coup (une seule rencontre trop forte aux dégâts considérables) et cela ne permet pas la plupart du temps au toro de tenir une faena complète et alors on assiste à une chorégraphie bien rodée : c'est le torero qui passe et le toro qui toréait immobile au centre les quatre pattes bien plantées. Pas besoin de vous donner des preuves. Repassez les images...
La beauté de la concours, c'est aussi pouvoir observer tranquillement le travail somptueux des chevaux de pique, dressés pour être de vrais acteurs de ce tercio. Ils contribuent par leur savoir faire intelligent à la mise en valeur du Toro en absorbant en souplesse sa charge, sans la fracasser . Cet apport contemporain d'Alain Bonijol, de son équipe et de ses chevaux est considérable pour la survie de la corrida, car l'alliance cheval picador toro ( le tercio de piques) permet de pouvoir combattre à pied un adversaire prêt à révèler le courage, la technique et l'art du torero. Et si ce tercio se réalise ainsi le toro dans la faena va exprimer peut être d'autres qualités profondes telle que la "noblesse", prolongation de ce qui se sera montré depuis l'entrée du toro en piste, sa capacité à charger droit, en longueur, en puissance et en sauvagerie en acceptant le temps d'un regard de répondre aux cites, mais en gardant un oeil sur les fautes de placement de son guide pour le rappeler à l'ordre! Et l'on ne pourra pas dire "on ne sait rien de ce toro, on n'a pas pu le voir", car détruit à la pique.
Donc pour moi tout simplement la concours est aujourd'hui le seul spectacle tauromachique où tout est en place pour voir un toro dans sa globalité.
Bien sûr il faut tous les ingrédients décrits. En Arles, Les chevaux y seront , les picadors y seront récompensés, les toros représentent des élevages reconnus et aimés des aficionados, ils demeureront les inconnus malgré tout et c'est bien cela aussi qui nous fait aller aux arènes. Les toreros sont des modestes valeureux, nous aurions tous aimés des lidiadors tel que El Fundi, mais là aussi soyons attentifs à la capacité des toreros à se transcender face à une bête de "concours" et à saisir la chance ce jour là. Mais ils auront aussi à coeur de vouloir remporter le prix du meilleur lidiador "Prix Nimeño II" créé cette année par la CTEM d'Arles.On y fêtera aussi les 150 ans de la ganaderia Yonnet. Tout est en place...
Aller à la corrida concours, c'est faire un acte militant pour la maintenir et la pérenniser
A Vendredi.
EVelyne Lanfranchi Monleau
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