
"Imaginez le manque"
Si vous me demandez quel moment va me
manquer pour cette Pâques sans feria d’Arles, je vous dirai que la première image qu’il me
vient est celle du toro sortant du toril de nos incomparables arènes en pleine lumière. C’est la
première émotion qui m’envahit et qui se renouvelle à chaque feria d’Arles plus que partout
ailleurs. Et là s’égrènent dans ma tête, les noms des grands taureaux camarguais ou de race
espagnole qui y ont combattu, qui ont laissé leurs marques dans ces arènes : Le Sanglier, Vovo
et ses célèbres fils et petits fils ; Gañanito de El Sierro, Berberisco de Miura, Clavel Blanco de MLP De Vargas… Et Ingenioso que Juan Bautista
amena à la "grâce" d’avoir la vie sauve. Indulto sans contestation possible d’un vrai toro de
combat. Émotions au zénith, réconciliation de l’homme et de l’animal dans un respect profond…
Les arènes d’Arles sont le point de convergence du peuple du taureau des temps anciens à
aujourd’hui, des terres de Camargue et de Crau, mais aussi de tout l’hexagone, comme de pays
plus lointains. Mon deuxième regret d’une Pâques sans feria, est que ce rassemblement autour
des arènes n’aura pas lieu, pas de foule sur le grand escalier, pas de bousculade chaleureuse
et pleine d’espoir.
Enfin, je ne sais pas si d’autres éprouvent ce que je vais décrire mais, depuis toujours, le jeudi
soir d’avant la féria, une "fièvre" s’élève petit à petit. J’entends les mots de ma grand-mère dans
son provençal : ’anen i biou’ et de légères crampes au niveau de l’estomac s’installent et elles
ne me quittent pas jusqu’à ce que je sois assise à ma place. Cette sensation se décuple et
monte en puissance quand un petit d’Arles est au paseo, quand un toro de chez nous est prêt à
sortir du toril. Elle atteignait des sommets, si je devais en plus m’asseoir comme assesseur au
palco présidentiel. Et mettait des jours à retomber.
Cette fièvre, qui ne montera pas et qui ne descendra pas, va manquer à mon équilibre, à mon
horloge interne. La corrida n’est pas qu’intellectuelle, que technique, artistique ou sportive, elle
permet de ressentir des émotions profondes. "Mes arènes d’Arles" décuplent cette énergie
vivifiante. La feria pascale, première de la temporada, n’est pas un spectacle auquel j’assiste,
elle est un rite que j’accomplis et qui me ressource. Et que je partage avec amis et inconnus.
Imaginez le manque !"
Texte dédié à Anita Albertini, aficionada disparue cette semaine, habituée des barreras arlésiennes et fidéle membre de bien de clubs taurins.
Evelyne Lanfranchi Monleau
article paru dans La Provence du 4/4/2021 page_de_la_Provence_du_4_4_2021 par Julia Razil

LES YEUX DE SEBASTIEN
Lavande ou bleuet
Les yeux de Castella me parlent
Regard d'enfant ou de farfadet
Regard profond sur un museau pâle
Ange de fer en lumière de jour
Sombre et doux comme une caresse
Je suis ce Toro que tu aimes toujours
Si simples tes gestes une invite à la paresse
D'où viens tu mystérieux enchanteur
Du Sud sur de si longues jambes d'oiseau
Tes reins se creusent avec lenteur
Je passe émerveillé d’être ce taureau
Ai je regardé tes mains
pendant ces vingt ans et un peu plus
Non
j'ai vu seulement une force souple sur un pivot d'airain
Une langueur fatale jouant sur un piano repu
Coule ton étoffe de soie sur mon dos écarlate
mais une seule fois ton épée me transperce
Une fois seulement dans la mort me décale
Douce vague qui m’aveugle et me perce
Lavande ou bleuet
Vos yeux me bercent
Pour toujours couvert de lumières
Merci Enfant torero devenu si grand
Evelyne Lanfranchi Monleau
Recueil « les toros parlent ... » 2020

ATTENTION TOROS !
Bonjour
Je soumets à votre attention le rôle de FACILITEUR et uniquement celui-ci, que nous propose la très ancienne Fédération des Sociétés Taurines de France, créée en 1910, à qui nous devons déjà ( la liste serait longue) a minima la création de l'UVTF, des CTEM, évidemment l'adaptation du règlement taurin municipal ! Son action fédératrice est donc légitime, elle représente aujourd'hui avec d'autres la voix des aficionados, et nous le savons tous les aficionados détiennent une place capitale dans l'Economie des Tauromachies.
Objectif : tenir des Etats généraux des Tauromachies avec tous, il ne tient qu'à nous que ces rencontres aillent jusqu'au bout et qu'elles recueillent notre adhésion que nous soyons organisateurs, toreros, éleveurs, organismes officiels (ONCT,UVFT etc) ou aficionados militants , jeunes ou vieux !
Et pour commencer un questionnaire qui sera suivi de trois autres qui permettront de faire un état des lieux et de coordonner des rencontres concrètes entre tous les acteurs pour aller plus loin ensemble . Merci de participer!
Evelyne Lanfranchi Monleau
Bonne lecture
Lettre de Dominique Valmary., président de la fstf
Vous êtes destinataire de ce courrier compte tenu de votre engagement, de votre implication pour les cultures taurines et de votre participation à des entités, entreprises et ou associations qui y sont liées.
La FSTF a décidé de lancer une large consultation auprès de tous les acteurs des tauromachies afin d'aborder les sujets en question depuis des années d'autant plus d'actualité aujourd'hui avec la crise que nous traversons. Elle entend jouer le rôle de facilitateur en vue d'organiser dans les mois à venir un grand débat précédé d'ateliers.
Les travaux des ateliers seront nourris de vos contributions. À cet effet plusieurs questionnaires vous seront soumis au fil des prochaines semaines traitant de grandes thématiques.
Que vous soyez professionnel, intervenant bénévole, acteur ou spectateur, élu ou que vous occupiez toute autre fonction ou rôle en lien avec les tauromachies, vous êtes appelé à répondre au titre de l'entité que vous représentez ainsi qu'à titre personnel.
Nous vous demandons aussi de diffuser lesdits questionnaires auprès des membres de votre entité ou association, de votre entourage et vous en remercions.
L'accès au Questionnaire n°1 relatif au contexte et aux territoires communs à toutes les tauromachies se fait au moyen du lien suivant : Questionnaire Q 1
Merci à l'avance pour votre participation
Dominique Valmary

QUI GUIDE LES ESPRITS TAURINS ?
Pour pouvoir écrire ce titre, il faut avoir une réelle raison de se frotter au surnaturel. je vais essayer de vous expliquer pourquoi.
La fascination exercée par le maestro Jose Tomas sur les taquillas et donc sur le public, comme sur les toros et aussi sur les chirurgiens, nous ramène à l'humilité de nos émotions profondes.
De multiples histoires humaines vont m'y aider
Les foules se sont déplacées pour écouter le Messie parce qu'il leur a parlé simplement, doucement de leur existence modeste, comme si chacun d'eux avait l'importance d'un roi. Et sans jamais changé de ton, il est allé mourir sur la croix pour que la vérité soit, au prix de la vie.
Des êtres de lumières ont traversé l'Histoire avec la même détermination, de moins célébres et des anonymes qui ont toujours pour l'autre le sourire, la main tendue, le coeur ouvert. Ils sont assis à côté de vous et vous ne savez pas qu'ils vous aiment tel que vous êtes. Ces êtres là donnent la chance sans arrière pensée à ceux qui les approchent sans attente de retour. Ce sont des Visiteurs. Dans le monde des plazas, quelques rares visiteurs, toujours de face ensorcèlent les toros en leur donnant leur âme.
De ma cage torista, il faut bien avoir un défaut, je n'ai vu que peu de fois José Tomas, souvent dans sa première partie de carrière; les toros rencontrés ne me convenaient pas ,car ils étaient fort adaptés au show biz taurin. Mais j'ai du manquer beaucoup de rendez vous importants pour la Fiesta, des rencarts avec l'émotion pure et ses dérivés : la chair de poule, la gorge serrée, les palpitations sonores de la peur et la libération explosive de la beauté qui surgit de cet accouplement Homme Toro, quelquefois et souvent dans le sang.
Il y a un moment que je n'ai pas loupé, c'est son retour à Barcelone le 17 juin 2008. Avec le Président Caparros, nous avons réussi à avoir 50 places pour nos fidéles membres du club et pour quelques Chiquillos (moins de 20 ans) qui seront grâce à cette journée indéfiniment aficionados.Je pense à Grégory Boyer, apprenti torero, aujourd'hui élève trés doué de terminale, talentueux compère de tertulias de Jacques Lanfranchi pour les ferias d'Arles. Même si son idole a toujours été El Juli, car plus proche de lui , Greg a dit ce jour là : "j'ai vu Dieu toréer, rien ne sera plus comme avant".
Et moi, je ne suis plus jamais allée voir Jose Tomas dans une arène ! Pourquoi faire, j'avais tout déjà!
Et je ne l'ai jamais rencontré, mais il a à jamais rempli mon esprit de lumières.
2010
Evelyne Lanfranchi Monleau

ARLES 21 FÉVRIER Si vous êtes taurin , vous risquez de perdre votre aficion...
Les reboussiés sont de sortie !
Les épines de cactus vont se dresser face à l'obligation de choisir une manifestation entre quatre ou d'avoir le don d'ubiquité à plein régime.
Trois, j'avais déjà mal à la tête :
- à la maison de la vie associative et sans doute le premier inscrit à notre calendrier taurin arlésien et au mien, les "Areneros du Pays d'Arles", club du président André Bortolin , organise une trés belle soirée sur le tercio de piques animée par Patrick Colleoni, avec une tribune de grande classe.


La salle permet de recevoir 120 personnes, de projeter des images et des vidéos, mais aussi de faire place à l'expression de la convivialité qui caractérise ce club taurin : un apéritif offert pendant lequel les échanges entre les invités et les auditeurs se prolongent jusqu'à la fermeture de l'établissement . Vous pourriez aussi diner avec les invités au très taurin restaurant La Bohème.
- à l'Ecole Taurine du Pays d'Arles, une soirée Rencontres avec Françis Wolf en deux temps : présentation et dédicace du libre "Françis Wolf, moments de vérités" de Pierre Vidal en présence du philosophe et deux heures après projection au Méjean du film :"Un Philosophe dans l'arène" suivi d'un débat, cette soirée est en collaboration avec "l'Association l'Auberge des passionnés" de Cathy et Jean Colomina, dont on connait aussi l'engagement. Dilemme !

- à 16h à la maison de la vie associative la toute nouvelle Fédération des manadiers de race Camargue tiendra ses premières assises . De nombreuses raisons de participer à ces assises des villes de traditions camarguaises sont d'actualité.

- Et mon étourdissement a été réel à la lecture du mail reçu ce matin m'invitant à la remise publique des prix de la CTEM (corrida et course camarguaise) de la Ville d'Arles dans la salle d'honneur de l'Hotel de Ville. Course assurée entre ces lieux festifs.

Arles a cela de charmant, mais aussi d'encourageant : les aficionados sont encartés dans différents clubs de la Ville et sauf exception, ils pourraient créer un vrai collectif. Aujourd'hui on ne peut toujours pas ajouter les nombres d'adhérents par club. Donc en fait, on ne saura jamais faire cette belle addition et dire, nous sommes ....aficionados militants en Pays d'Arles. Tout comme nous n'avons jamais pu la faire non plus avec l'Union des CTPR, puisque les clubs ne déclaraient pas tous leurs adhérents ... C'est presque de l'Histoire ancienne. Je pense que nous étions au moins 30000 encartés fidéles. Mais c'est une opinion personnelle, toutefois documentée!
Collectif n'est pas arlésien, trois tentatives d'Union des Clubs taurins de la Ville ont échoué, la dernière a duré dix ans (2004-2015), mais qui s'en souvient. Béziers, Nimes, le Sud Ouest ont leurs cooordinations ! Celles-ci gérent au moins un calendrier pour l'ensemble, pour éviter ce que je dénonce aujourd'hui : quatre évènements qui ne recevront pas la foule d'aficionados méritée. Beaucoup de travail et de passions qui recevront un écho mineur.
En espérant au moins que la foule des grands jours viendra soutenir les "petits de l'Ecole Taurine" pour la traditionnelle Capea du Forum samedi 22 et dimanche 23.
Tiens une question ! Avez vous pensé que 10 euros, ce n'est pas finalement pas beaucoup pour soutenir l'Ecole taurine de notre ville?
Geste militant et fédérateur : demander votre carte de soutien à ECOLE TAURINE DU PAYS D'ARLES, 66 rue du 4 septembre 13200 Arles mail : arlesecoletraurine@gmail.com.
Donc pour moi, aucun déplacement ce vendredi 21 février. Trop mal à la tête. Je ne résiste pas au vire, vire comme certains cocardiers.
Rendez vous samedi et dimanche place du Forum. Pas de prise de tête, que du bonheur de voir ces enfants toucher du poil!
mardi 18 février 2020
Evelyne Lanfranchi Monleau

Aux portes de l'alternative cher Tibo, je vous brinde ce petit texte de 2015 écrit quand je vous vis pour la première fois...
Mucha suerte et croyez en ce que vous êtes, c'est en VOUS !

TIBO MAJUSCULE
Première fois où je vous vis
sans doute chez la famille Viotti
convalescent d'un accident de la vie
votre douceur et votre sitio m'ont conquis
J'ai demandé votre nom à l'ami Serge
Tibo Garcia ! dans un sourire large
Et une belle tirade admirative
dont j'ai retenu chaque rive
Finesse, majesté, délicatesse
et tout encore à fixer
à travailler
Un beau chantier
de rêves à concrétiser
Tibo Majuscule
vous le fûtes toute l'année
sur le sol ibérique
comme chez nous en toute humilité
Des prix, des oreilles , des photos
des épées manquées, des épées gagnées
Mais Tibo vous êtes Majuscule
un soir du début de l'hiver, je vous attends
et nous commencerons par Samadet...
Suerte
Evelyne Lanfranchi Monleau

tableau de Jean-Jacques Marie @ADAGP.
Figures de l'âme
à Alejandro Talavante
Âme taurine
volutes rose rouge
Je plonge dans vos plis malins
Sang, Sang, Sang noir rouge
Le feu du fer
dans le cou me brise
Je grandis plus fier
Sang, Sang, Sang chaud cerise
Les harpons en papier acier
s'accrochent
Je vais t'attraper
Sang, Sang, Sang froid chiche
Voile écarlate
pour me tromper
Je veux bien jouer
Surprise, Surprise, Surprise apostate
Épée luisante
pour me tuer, je sais
Je meurs pour ton succès
Surprise, Surprise, Surprise séduisante
Là où je vais
Ils sont nombreux déjà
Ils disent la force du combat
Surprise, Surprise, Surprise Noire de Jais
Sur le chemin
J'ai parcouru des prairies
Fouler aussi des couloirs d'airain
Songe, Songe, Songe aux angaries
Je suis le Toro Roi
celui de ta Force et de tes Peurs
Je te regarde venir vers moi
Songe, Songe, Songe aux douleurs
La vie me quitte
Mes cornes au ciel
Je renaîtrais pour toi à chaque desquite
Songe, Songe, Songe à ce bel arc en ciel
La VIE....
Evelyne Lanfranchi Monleau
mardi 25 juin 2019, poème de Toromagie, recueil inédit
Apostate :Personne qui abandonne une doctrine, une opinion, un parti.
Angarie : obligation imposée par un Etat aux batiments etrangers de naviguer dans l'intéret de cet Etat. Elle est exercée, en temps de guerre, par l'un des belligérants sur un navire neutre, et donne droit à une indemnité. Contrainte contre nature.
Desquite : mot espagnol revanche, vengeance

JEAN MARIE MAGNAN et THOMAS JOUBERT : un regard ...
Aujourd'hui dans la quotidien "La Provence" page Aficion parait un texte qui dés les premières notes a fait monter en moi une vague d'émotion similaire à celle que j'éprouve quand je vois et je revois THOMAS JOUBERT en piste.
Je ne sais pas si Monsieur Magnan a mis ce texte sur internet, dans un blog, un site ? Ce que je sais c'est que j'ai envie de vous faire partager ces mots et la magie qu'ils transmettent. Je vais donc taper l'intégralité sans pouvoir faire de copier coller, comme avant, quand Thomas Joubert était un petit enfant.
On y va :
" A ceux qu'il fait rêver"
" Droit, calme, reins creusés, mollets durcis, Thomas Joubert mène sa carrière à part, de façon marginale, colonne d'or autour de quoi le fauve s'enroule, on jurerait sur les revers du boléro.
Son art d'ornementiste dessine de légères arabesques, ciselures délicates et très fins paraphes, d'une domination jolie. Parce qu'avec lui l'imagination est au pouvoir, on se félicite de ce chic et de cette mesure qui le caractérisent durant ces trop rares prestations.
Avec des bêtes de bonne noblesse, la faena peut être de réconciliation, dégagée des poncifs et de la mécanisation du style par une personnalité sans entrave et, lorsque tout va à sa convenance, d'une intelligence des contacts aussi déliée que le jeu de poignet et la flexibilité de ceinture, poitrine exposée. Constatez comme ses trincheras, firmas, kirikiri, jaillissent dans le prolongement des passes fondamentales, rénovées par une sensibilité exacte du geste et réveillant les forces de la surprise.
Sans affectation de lenteur ni langueur excessive, quand le progressif glissement des leurres conserve le tempo, toute une poésie, qu'on ne saurait prendre en défaut dans l'entente, repose sur la juste appréciation de la place à occuper (sitio), sur la précision de l'appel de l'étoffe (toque) et la pulsation du rythme (temple).
Bien que Thomas Joubert soit loin de pulvériser les records, il y a du génie plastique, du duende bâtisseur du dédale de Crête et de ses surprenantes architectures dans son affaire. Doit'on lui demander davantage que de remplir un à un ses contrats bien gagnés et si espacés dans notre seule région? Alors que son moral ne fléchit pas, on appréhende que fasse défaut dans sa main de velours, le gant de fer des jours sans, qui l'attendent s'il fait carrière.
D'une qualité exceptionnelle, certains fauves ne pèsent ni ne posent et n'exigent que du sentiment pour parfaire l'accord. D'autres réclament un caractère plus dominateur, une technique plus avertie, une prise de conscience immédiate des défauts à corriger, des difficultés à résoudre, l'acquisition d'un métier sans faille.
Ne pas oublier que pour sa présentation de novillero à Madrid, Thomas JOubert coupa une oreille à son premier opposant (1), il y a pas mal de temps ! Puisse t'il rafraichir nos mémoires! Et, le cas échéant, la capitale le recouronnerait."
Jean Marie Magnan
samedi 17 juin 2017 La Provence
(1) note de Toros y Cactus l'oreille fut coupée à son deuxième novillo, après avoir été bléssé dés l'entame au capote quand il attendait le novillo au centre de la piste, dos au toril (revoir les photos et le reportage ce site )
http://www.torosycactus.com/albums/tomasito_madrid_26_juillet_2009/index.html
Rendez vous sur les gradins d'Istres Vendredi 23 juin !
Evelyne Lanfranchi Monleau

RESENA DE MONSIEUR TORERO 30 du blog TORORECUERDOS
Lundi 21 mai- Thomas Joubert, Roman, Alvaro Lorenzo/ Jandilla
Affiche pour les élus. Ceux qui savent voir et qui espèrent encore. Pour moi, une perfusion d’aficion.
Un cartel de jeunes, de la nouveauté, des personnalités.
Un lot de toros un brin faible, mais correctement présenté, à des lieux des affligeantes corridas de samedi et dimanche, sauf le 3èmeanovillado et invalide que mon ami et voisin de rang est quasiment le seul à protester mais cela suffira à l’avisé président du palco, el senor Burgoa, qui sort sans tarder le mouchoir vert, avec un puissant 5ème, deux bons 2ème et 3ème bis, et un 6ème manso quasiment perdido qu’il faut résoudre. Tous avec de la présence et, sauf sans doute le 4ème épuisé par le tercio de piques, du moral et du moteur.
Et l’inouïe manière d’être de Thomas Joubert en piste, torero sans contrat ou presque, qui est entré dans le cartel pour cause de blessure de Paco Urena et qui a irradié toute l’après-midi de sa présence.
Tout chez ce torero irradie de toreria. Son allure (visage profilé, verticalité altière, économie de gestes, lenteur des mouvements), le soin apporté à toute chose (le sitio, l’attitude, le geste, la passe), l’intériorité surtout car il n’y a chez ce torero aucune artificialité, aucune mise en scène de soi, aucun souci de pasticher Manolete auquel on songe évidemment. Son toreo est dense, inspiré, sacral. Profondément philosophique. Version orientale : taoïste. Ou Antique : le stoïcisme. Nul chiqué dans cette manière d’être. La conviction que le toreo n’est ni toro ni torero. Le toreo est un tout. La « plénitude du vide » disent les Chinois. L’ « essence » des choses, disons-nous plutôt de ce côté du monde. Une recherche absolue de pureté. Et tant pis si les chemins sont escarpés.
Et que l’on ne me parle pas des incidents qui émaillent quelque fois ses faenas, enganchones ou décrochés de muleta ! Les premiers sont ceux d’un José Tomas, le prix à payer à l’exigence de tenir la position, sans concession ; les seconds ceux d’un torero sans contrat qui manque d’expérience. Mais ces incidents comme le reste le laissent de marbre. Thomas Joubert n’est pas torero à prendre le public à témoin de telles vicissitudes ou maladresses.
Comme du reste, il n’a qu’un souci: trouver le chemin. Qu'une manière : l'intrépidité placide. Qu'une nature : la tête brûlée cérébrale. Ce torero est un volcan qui peut rallumer les feux éteints de notre passion commune, aujourd’hui désacralisée, outrageusement stéréotypée, terriblement communicante, qui se satisfait de vivoter dans des arènes à demi-vides, sous les sarcasmes des anti, sans songer-même à une renaissance possible, tant elle a commencé à plier bagages en ne privilégiant que des ganaderias d'un même sang, des vétérans qui cadenassent les cartels, et des petits jeunes qui leur ressemblent, en moins bien ( Roca qui vous savez au premier chef, pur produit marketing du mundillo).
Thomas Joubert pourrait bien être la comète tant attendue qui viendrait fracasser la planète des toros : comme l’ont été Paco Ojeda dans les années 80 ou José Tomas dans les années 2000. C’est un torero qui a tout- TOUT- pour remplir des arènes à nouveau. L’anti-modernisme au premier chef. Sincérité, authenticité, profondeur. Si on lui donne un peu sa chance.
Sur son premier, après un quite de très grande allure, une entame de faena par passes de banderas se terminant par aidées par le haut de toute beauté conclues d’un pecho souverain, suivie d’une série droitière, lui vertical, très relâché, la main basse, un temple inouï. En deux séries, deux : plus que ce que toute la féria nous avait donné ! Faena entretenue, toute de densité avec quelques maladresses anodines au regard de ce qui nous a été offert. Pinchazo, entière. Oreille.
Accueille son second du centre de la piste, dos au toril, dans une entame d’une expressivité folle. A la muleta, il s’agenouille comme on fait pénitence pour servir des derechazos et une arruzina toujours à genoux, à faire flancher les cœurs les plus aguerris. Une série de trois naturelles, puis ça baisse un peu d’intensité, avant un bouquet de naturelles de face, égrenées face à un toro qui hélas s’éteint, le tout dans une lenteur un peu cotonneuse, rendant la scène irréelle. Ce toro avait été mis en valeur aux piques lors de la seconde rencontre, cité de très loin et venant avec codicia. C’était beau mais plus qu’il n’en pouvait supporter. TJ (tiens c’est drôle ce JT à l’envers...) le paiera en deuxième moitié de faena (Saludos).

En dépit d’une incontestable bonne volonté, Roman m’a paru pégapasses sur son premier, toréé à la voix, avant une conclusion dans un terrain réduit puis des bernardinas inutilement exposées. Mete y saca, entière parfaite, descabello(saludos). A cité de loin le 5ème, de beaucoup de gaz, en lui donnant toujours la distance, mais s’est monté très en dessous de ce toro qui était le meilleur du jour.
Alvaro Lorenzo m’a également laissé sur ma faim devant son 3ème bis, toro vif et à réduire. Il n’y est pas parvenu en dépit d’une tête que l’on sent bien faite. Sa démonstration de tête, Lorenzo la fera d’excellente manière devant le mansoquasiment perdido sorti en dernier qui passe la tête dans le tissu puis s’en va. Mental, technique, obstination, Lorenzo lui arrachera une faena introuvable d’immense mérite (une oreille).
Un quart d’arène, hélas, avec un Burgoa à la présidence, toujours infaillible. Ce miracle d’aficionado au palco devrait présider toutes les corridas nîmoises, si nous souhaitons collectivement sortir du marasme. Et si Nîmes sait donner un Thomas Joubert et un Burgoa à l'aficion, alors tout n'est pas perdu.
Je n'ai rien à ajouter, tant je suis émue de lire une telle reseña. Si tout de même, je dirai à MONSIEUR CASAS pensez aux madrilènes qui aspirent aux émotions décrites ci-dessus ! Pensez à THOMAS JOUBERT !
merci à Bruno Lasnier et à Michel Volle pour leurs photos


Thomas Joubert, Gabin Rehabi, deux de mes compatriotes qui ont voué leurs jeunes vies aux Toros.
Je m'intéresse à eux depuis si longtemps que j'ai l'impression qu'ils font partie de ma famille.
J'ai revu le beau reportage de Toril TV du 4 octobre , texte de Pierrick Charmasson, voix d'Arnaud Agnel ! Beau c'est pas suffisant, émouvant, juste, tourné vers l'avenir que nous attendons tous pour Thomas. Je mets le lien pour ceux qui ne l'ont pas encore vu
J'ai relu aussi le texte de Florent Moreau, hier sur sa page facebook , j'aime son désir affiché de voir Thomas Joubert dans les cartels 2019.
J'aime que tous ces jeunes gens qui partagent avec moi la même passion des Toros, s'investissent de la sorte pour faire résonner notre souhait! VOIR THOMAS JOUBERT!
Nous sommes actuellement ses apodedaros de coeur et de conviction, il faudrait nous écouter, nous donner raison d'insister, nous allons revenir à la charge pendant les jours et les mois qui viennent.
Que d'autres voix connues ou moins connues se fassent entendre aussi dans tous nos partages sur les réseaux sociaux et dans nos communiqués sur les sites taurins .
L'aficion française a besoin de Thomas Joubert, mais l'aficion espagnole également. Je me souviens des effets qu'il avait produit sur les aficionados du Tendido 7 lors de sa présentation en 2009 : sentiments, technique sublimée en Art, placement de respect pour le toro et le public. Ses épées étaient portées par le souffle retenu des présents! Antonio Corbacho avait immédiatement ou presque appellé sa famille!
Maintenant, c'est maintenant, plus personne ne peut nous priver de lui ! Je ne vais pas redire ce qu'à écrit Pierrick , mais tout de même, je clame aussi qu'il va revenir encore plus fort !
La Fiesta a besoin de toreros authentiques ayant de la personnalité , capable de lidier et d'émouvoir à la fois. Cette temporada a vu les messages délivrés par Paco Ureña, Diego Urdiales, Octavio Chacon, Emilio de Justo et quelques autres. Et devant tous les toros ! Il semblerait même que l'Aficion en général retrouve le gout du combat des toros et non celui des spectacles à mille passes, à épées truquées, à toros astucieusement dénaturés...
J'espère qu'un nouveau temps arrive, un autre arlésien peut aussi y apporter beaucoup par le tercio de piques.
Gabin Rehabi, autre parcours ! Il n'est pas celui qui a son nom sur l'affiche et il est celui qui ne l'aura jamais ! Un talent qui semble naturel, mais qui s'est forgé dans le travail, la volonté de, sans arrêt se perfectionner tant dans sa technique de piquer, que physiquement pour pouvoir au bout de son bras prendre en compte la charge de tous les toros !
A tous ceux qui lui ont fait croire qu'il pouvait être dans ce mundillo, une star, ceux qui lui ont "gonflé la tête" dans le contexte où il se trouvait, je vous dis que vous l'avez réduit à la solitude .
Et la solitude, c'est ce qu'il y a de pire dans un métier qui ne peut s'exprimer que dans une équipe et au service d'un patron qui est le seul à devoir briller!
Bon, avec l'âge, je radote un peu (voir sur Toros y Cactus, l'article Virtuose, Gabin Rehabi, un statut complexe à porter... ), mais tant pis je continue parce que son combat et son aficion méritent que je parle encore.
Un retour intime sur son parcours, ces quelques derniers mois, a permis à Gabin de reprendre ses esprits, de faire fi des remarques et des embûches posées souvent par des très proches qui devraient plutôt être fiers de son travail et de ses résultats.
Plusieurs maestros ont fait appel à lui cette temporada et notamment le novillero Maxime Solera pour toutes ses courses. Je ne relaterai que les mois de septembre et d'octobre en Espagne : Villaseca de la Sagra avec les Dolorés Aguirre, Calasparra avec les Prieto de la Cal, Andorra de Teruel , Trillo avec les novillos de Casasola . Pour le novillero Nimois El Rafi , il piquera un novillo de Victorino Martin à Algemesi et remportera le prix de la meilleure pique de ce prestigieux concours. Sans doute, le premier français à le faire. Rafi coupa une oreille à ce novillo.
Enfin, Gabin vient de s'illustrer à Saragosse le 8 octobre, alors qu'il piquait pour la première fois dans cette plaza! Imanol Sanchez, matador de toros de la tierra, l'avait contracté pour la corrida aragonaise pour piquer un toro de El Pilar. Trois piques en place, sans déplacer le fer, sans cariocer, aux ordres du maestro, ordres qui tardaient à venir, sans exercice de cavalerie de trop (ce qui lui a valu des quolibets ailleurs).
Sobre, efficace et précis, sans abimer le toro . Je dirai même en lui réglant correctement le port de tête, car ce toro de 659 kg bien armé et mobile, avait jeté un froid glacial dans les cuadrillas. Imanol Sanchez coupa une très belle oreille à ce toro. Gabin sortit sous les applaudissements et les aficionados présents et amateurs de tercio de piques sont allés à sa rencontre après la course.
2019 , c'est l'année où Thomas Joubert, matador de toros doit retrouver sa place et faire exploser sa classe torera partout, c'est l'année où Gabin Rehabi picador doit rentrer dans une cuadrilla et se mettre au service de son maestro en faisant grandir le toro et faciliter le dernier tiers dans le respect de la lidia.
Thomas et Gabin sont des atouts majeurs de la Fiesta à la Française, ils doivent passer les Pyrénées pour le bonheur de tous. Comme d'autres français l'ont déjà fait avec brio!
Jeudi 11 octobre 2018
Evelyne Lanfranchi Monleau
Evelyne Lanfranchi Monleau
jeudi 24 mai 2018